Fondation Francès

“Photographie contemporaine, un marché (dé)construit”, un article Artpress

À l’occasion de la saison des foires, Aurélie Cavanna et Étienne Hatt nous proposent une enquête sur le marché de la photographie contemporaine dans l’article “Photographie contemporaine, un marché (dé)construit”, publié dans la revue Artpress.

À l’origine de leur réflexion se trouve une multitude de questions interrogeant entre autres la stabilité et l’autonomie du marché, la clarté des règles qui le régissent et leurs conséquences sur la pratique même de la photographie. Leur article entend amorcer une déconstruction des mécanismes et rouages qui composent le marché de la photographie contemporaine, révélant à la fois les enjeux de son émergence et les limites de son action.

Pour ce faire, un retour dans le passé est nécessaire, leur permettant d’analyser l’histoire de ce marché, sa légitimation et son établissement progressive. La reconnaissance de la photographie contemporaine et de ce fait l’émergence d’un marché qui lui est propre se fait dans les années 1960, notamment avec l’ouverture de galeries spécialisées comme Lee Witkin à New York (1969). Des conventions de qualité, calquées sur celles de la peinture contemporaine, prônant le “tirage original”, limité et numéroté,  s’établissent alors pour être généralisées et adoptées par les maisons de vente et foires dans les années 1980, qui s’ouvrent au même moment à la photographie contemporaine.

Au XXIe siècle, nouveaux acteurs et nouvelles pratiques commerciales se multiplient et brouillent davantage les règles du marché, soulignant les limites de ce dernier. Ils perturbent et modifient la pratique même de la photographie, la nature du médium. Face à la complexité et l’instabilité de ce marché, les auteurs remarquent un déplacement de l’intérêt des collectionneurs vers d’autres techniques et pratiques photographiques, insistant davantage sur la matérialité de l’œuvre et tendant à l’objet unique. À titre d’exemple, ils citent la collection d’Estelle et d’Hervé Francès qui dès 2006 se tournent vers des travaux plus expérimentaux, autour de l’humain et ses excès, comme la série Morgue d’Andres Serrano ou encore, dans un autre registre, les photographies trouvées, cousues et recouvertes d’un glaçage au sucre de Cathryn Boch.

L’enquête déconstruit le marché de la photographie contemporaine et en dessine les limites. Soulignant sa multiplicité et sa complexité, elle remet en question les valeurs que ses règles imposent et engage une réflexion plus générale sur le statut de la photographie, sa nature et son prix.

 

Découvrez l’article dans son intégralité dans le numéro de novembre de la revue Artpress (n°493).

 

Visuel : Cathryn Boch, Sans titre, 2013. Photographie de presse quotidienne, couture machine et glaçage au sucre sur papier ; 22 x 25,5 cm. © Collection Francès.