Fondation Francès

Muhammad Ali, une figure immortelle

L’art s’apprête à transpirer à la Biennale de l’école d’art Claude-Monet à Aulnay-Sous-Bois. Jusqu’au 5 décembre, le sport est à l’honneur pour l’exposition «Un, deux, trois… Partez ! ». L’occasion d’admirer des œuvres d’art moderne et contemporain en tout genre, de la peinture, du dessin, en passant par la céramique. Le corps poussé dans l’effort faisant l’effet d’une véritable danse, adéquate à la représentation artistique du corps.

L’occasion de présenter cinq œuvres de la collection tournant exclusivement autour de la boxe. En effet, le « noble art » se prête particulièrement au jeu de la photographie et de la technique mixte, immortalisant les grandes personnalités de cette discipline. Quand on pense à la boxe, le premier nom qui nous vient est Muhammad Ali, du haut de son mètre quatre-vingt-onze, il a marqué le sport de sa légende.

Il fut immortalisé un bon nombre de fois. Néanmoins, certaines photos restent dans les mémoires. En 1977, John Stewart  fait prendre la pause à Ali, avec la particularité de le prendre hors du ring. Le poing tendu vers l’objectif mais sans les attributs habituels du boxeur. Ce Mohammed Ali Portrait au poing, peut représenter la lutte du  sportif loin du ring. En effet, Cassius Clay de son nom de naissance rejoint dans les années 60 le mouvement religieux Nation of Islam et se convertit, se renommant ainsi dans son nom le plus célèbre. Il se rapproche de Malcolm X, un éminent porte-parole du mouvement. Il s’engage alors dans la lutte contre la ségrégation, devenant le symbole de la fierté et de l’indépendance noire. Il s’opposera même à l’Etat, en refusant de s’engager dans l’armée dans le contexte la guerre du Vietnam, prônant la paix et ne trouvant pas de justification à ce massacre. Il échappera à la prison mais sera privé de ring durant trois années. Souvent provocateur et jouant avec les médias, il devient un personnage qui divise.

Cette division américaine va se retranscrire dans un combat de boxe, sans doute l’affrontement le plus légendaire de l’histoire. Le « combat du siècle » opposera le 8 mars 1971, Muhammad « The Greatest » Ali à Joe Frazier, détenteur du titre. Ce choc est représenté par l’artiste Michaël Molinié en 2008. Via une technique mixte sur toile l’artiste nous retranscrit les valeurs de ce combat au travers d’une importante iconographie représentant l’Amérique et ses mouvements à contre courant (Black Panther). Aux allures d’affiche événementielle, Michaël Molinié nous retranscrit la tension et l’attente autour de ce combat. En effet, ce soir de 1971 la foule est en effervescence au Madison Square Garden, les personnalités new-yorkaises les plus influentes sont présentes. D’un côté Ali, figure de l’antipolitique américaine, de l’autre Frazier figure de l’Amérique fière, un partisan de la guerre du Vietnam. Un combat aux symboliques hautement politique. Au bout de quinze rounds, le dénouement tombe, Joe Frazier l’emporte, signant la première défaite historique de « The Greatest ».

Cette lutte politique, Muhammad Ali s’amusa à en jouer et à utiliser la carte de la surenchère auprès des médias et du publique. Lors de certains matchs le boxeur scanda « what’s my name ? ». Une manière d’intimider ceux qui refusé de l’appeler par son nouveau nom. Il invoqua le nom de Floyd Patterson parmi ses opposants directs dans ce combat. En réalité ce dernier était un proche ami d’Ali, mais un combat doit les opposer. Une occasion en or pour Ali de jouer sur son rôle vu comme détestable, et pour Patterson de prendre le rôle de « l’Oncle Tom ». Créant une forte médiatisation et ainsi un butin conséquent. Ce combat de 1965 fut immortalisé par le célèbre photographe Eddie Adams. Ce Muhammad Ali fighting Floyd Patterson at the Flamingo Hotel, Las Vegas nous montre Ali dominant face à son adversaire de dos. Le combat fut largement en la faveur de Ali, Patterson s’étant blessé quelques jours auparavant.

Ces trois représentations de cette légende de la boxe, nous symbolise le personnage haut en couleur qu’il était. Accumulant les titres et faisant preuve d’une résistance hors du commun, partisan d’un combat idéologique fort, allant jusqu’à s’opposer à la nation américaine et sa violence militaire. Il restera un personnage encré dans l’histoire et une source d’inspiration pour de nombreux artistes.

 

Exposition “Un, Deux, Trois… Partez !”

Espace Gainville, 22 rue de Sevran, Aulnay-sous-Bois

Entrée libre du mardi au dimanche de 13h 30 à 18h 30

 

 

Visuel en-tête : John Stewart, Mohammed Ali Portrait au poing, 1977, Ed. 2/15, Tirage argentique sur baryté, 53,5 x 33,5 cm