Nicolas Lebeau
Né en 1992 à Paris, France. Vit et travaille à Lausanne, Suisse.
Diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris-Cergy, Nicolas Lebeau développe une pratique photographique expérimentale qui interroge la matérialité et l’expérience même de la photographie. Son travail conjugue production et collecte d’images, s’attachant à détourner les modes de représentation traditionnels pour questionner notre rapport aux images. Ses créations naviguent entre présent et passé, virtuel et matériel, ici et ailleurs. Au fil du temps, l’artiste élabore diverses stratégies de subversion du médium photographique, explorant des thématiques comme le déracinement, la perte de sens dans le monde contemporain et les dérives technologiques. Conçues comme des systèmes de circulation d’informations et d’échos permanents, ses œuvres se déploient dans l’espace, conférant une physicalité inédite à l’expérience photographique.
L’artiste est représenté par la Galerie F, Senlis.
/arara/
« Le pau-de-arara est une méthode de torture physique conçue pour provoquer de graves douleurs articulaires et musculaires, ainsi que des maux de tête et des traumatismes psychologiques.
Cette méthode a été et est utilisée dans de nombreux pays car aucune trace visible n’est laissée sur le corps de la personne torturée et le dispositif nécessaire est disponible partout ou peut être fabriqué avec peu d’effort.
Sur une structure en acier évoquant une potence reposent des feuilles de plomb sur lesquelles on distingue des visages. Issus d’une archive accessible en ligne, ces portraits d’identité sont ceux de dissidents politiques traqués et disparus pendant la dictature militaire au Brésil. Photocopiés et scannés à de multiples reprises, dans le but de préserver leur mémoire, ces visages disparaissent pourtant peu à peu dans le processus. En les transférant sur des feuilles de plomb, métal lourd et toxique, mais à la fois très souple et malléable, je cherche à les faire échapper à l’oubli encore un moment. Sur le métal, d’étranges fleurs sauvages et tranchantes ont commencé à pousser… »
(Nicolas Lebeau)
/den/a
“Dans l’obscurité d’un monde sans paysage, des corps à l’échine courbée s’acharnent quand même à rester debout. Transposés sur des panneaux de plexiglas, ils condamnent les fenêtres et obstruent toute vue vers l’extérieur, nous forçant à nous replier vers l’intérieur. Pourtant, ces images ont besoin de la lumière du soleil pour apparaître et illuminer la salle de leur présence.
Ces pièces reposent sur un système d’interdépendance où les images, l’architecture et les éléments coexistent, se nourrissent et se soutiennent.”