Claire Tabouret
Née en 1981 à Pertuis, France. Vit et travaille à Los Angeles, États-Unis.
Artiste peintre, Claire Tabouret a étudié à l’École des Beaux-Arts de Paris. En plus des nombreuses toiles qu’elle produit, elle consacre une partie de sa pratique à des monotypes ou œuvres sur papier. Animées par une sensibilité à la mémoire, les scènes représentées baignent dans une atmosphère irréelle. Par ses nombreux portraits d’individus isolés ou en groupe, appartenant à des époques différentes et ayant des âges différents, Claire Tabouret s’interroge sur l’identité et les relations humaines, tout en s’inscrivant dans un renouveau de la peinture contemporaine. Étrangeté et nostalgie se mêlent dans des variations phosphorescentes, qui viennent souligner l’ambiguïté spatio-temporelle présente dans ses toiles.
Claire Tabouret est représentée par la galerie Perrotin (Paris, Hong Kong, New York, Séoul, Tokyo, Shanghai) et la galerie Almine Rech (Paris, Bruxelles, Londres, New York, Shanghai).
The Storm
Vêtue d’un masque à gaz et d’un ample habit, nous retrouvons dans cette figure une réflexion chère à l’artiste : le recouvrement et l’emballage des corps. En cela, « The Storm » est proche de la série « Les Étreintes » où Claire Tabouret décline les êtres masqués en les mettant en scène recouverts de latex, pour mieux révéler leurs présences sous cette seconde peau, sur fond de paysages indistincts. L’artiste véhicule l’idée que de la disparition – ici le masquage du corps – émerge une nouvelle apparition. Ce personnage nous apparaît alors comme surgissant d’une histoire enfouie, que Claire Tabouret cherche à réécrire et réactiver dans un espace-temps ambigu. Peut-être s’agit-il de l’histoire de cette figure qui obsède l’artiste : Isabelle Eberhardt (1877-1904), écrivaine suisse d’origine russe. Cette dernière adopta des identités multiples en entretenant une ambiguïté de genre, elle signait d’un nom d’homme ou d’un nom de femme, et s’habillait comme un homme, à l’image du personnage de “The Storm” dont l’allure à la fois masculine et féminine sème le trouble. Cette œuvre qui évoque l’asphyxie et l’engloutissement trouve également un écho dans les circonstances de la mort d’Isabelle Eberhardt en Algérie, noyée et enterrée sous l’écroulement de sa maison en terre lors d’un orage ayant provoqué inondation et torrent de boue. À travers ce personnage énigmatique et conquérant, l’artiste explore les questions d’identité et d’intimité.