Enragés

du 24 juin 2010 au 30 septembre 2010

Présentation PDF

Des animaux lequel est le plus enragé ? A bien y réfléchir, c’est certainement celui que l’on dit être le plus civilisé parce qu’il a inventé le feu et se tient debout : l’Homme.

Cette troisième exposition de la Fondation Francès, dont toute la collection est construite autour du thème de l’Homme et ses excès, nous invite à nous interroger sur notre férocité et notre rage d’humains. Il y a pourtant peu d’Hommes dans cette troisième exposition dialogue. Mais tous ces animaux exposés, ces cousins ou frères de l’Homme (singe, ours, cerf, renard, dinosaure, taupe…) nous renvoient à nous, à nos paradoxes et nos errements.

Ghyslain Bertholon, artiste invité de cette troisième exposition dialogue, met en scène des trochées, propositions inversées des trophées de chasse. Là où les hommes fiers de leur victoire sur l’espèce animale exposent des têtes coupées dans leurs salons, Ghyslain Bertholon met en scène des culs poilus de lapins blancs, de lièvre ou de renard. C’est tout autant une opposition corporelle qu’un renversement intellectuel. Là où les trophées figent la mort des animaux, les trochées mettent en scène la vie, la dynamique des animaux. Peut-être sont-il en train de fuir la balle qui les menacent ou bien se rendent-ils avec entrain vers de futurs plaisirs tant leurs postures, étrangement humaines, semblent parfois équivoques ? Ces mises en scène nous amusent, à mi-chemin entre peluche et zoo expérimental mais elles nous interrogent aussi sur nos violences environnantes.

L’une des pièces majeures de cet ensemble prend une résonnance particulière dans la capitale de la vénerie qu’est Senlis. Si la sous-préfecture de l’Oise s’enorgueillit d’être ville royale et d’exhiber une magnifique cathédrale érigée au XIIe siècle, elle est aussi connue des spécialistes pour son Musée de la Vénerie, fondé en 1934. En écho à ce lieu dédié la chasse à courre, la Fondation Francès expose Vanitas, un cerf à la tête retournée. Ses bois infinis lui donne l’allure d’un survivant qui garde en mémoire ceux qui, plus malchanceux, ont croisé sa vie (et ses embranchements) sans pouvoir échapper au massacre.

Comme un glissando mêlant gigantisme et sulfure, Ghyslain Bertholon met en scène le postérieur d’une vache sur lequel est venu se poser une minuscule mouche. Plus impressionnant encore, le jardin de la Fondation accueille une espèce inconnue, le Deupatosaurus, être hybride à tête de 2 cv et au tronc de dinosaure.

La Nature est un thème universel et une preuve supplémentaire nous en est apportée avec cette troisième exposition dialogue où la Fondation Francès a choisi de faire confronter le travail de Ghyslain Bertholon avec 10 œuvres, issues de sa collection, créées par 8 artistes étrangers : Sandy Skoglund, Marnie Weber, Allison Schulnik  et Pamela Earnshaw Kelly (Etats-Unis), Claire Morgan (Irlande), Oana Farcas (Roumanie), Pieter Hugo (Afrique du Sud), Rune Olsen (Norvège).
Enragés est un titre qui s’est imposé comme une évidence. Plus encore lorsque nous avons appris qu’il était le nom d’un mouvement contestataire au cours de la Révolution Française. Situés à la gauche des Montagnards, les Enragés ont lutté contre l’hégémonie des hommes d’État jacobins. A l’heure où la démocratie est parfois confisquée par le pouvoir ou tue pour préserver des intérêts économiques et financiers, il convient de ne pas se laisser endormir par le contenu hypodermique des flux médiatiques.

Dans l’exposition “Enragés”, la diversité des media présentés (peinture, photographie, sculpture, installations, vidéo) nous guide vers une même interrogation: pourquoi sommes-nous si enragés ? Pourquoi sommes-nous si prédateurs ? Quand allons-nous redevenir naturellement bons ?

 

Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Enragés
Troché, Renard II
Ghyslain Bertholon

Troché, Renard II

Provenance : School Gallery Paris. Acquisition en 2010.

Année : 2009
Édition : (pièce unique)
Matériaux : Taxidermie et bois laqué
Hauteur : 40 cm
Largeur : 30 cm
Profondeur : 70 cm
Elza
Sofie Muller

Elza

Le regard du spectateur se porte d’emblée sur ce corps de femme. Le travail de la matière permet à cette figure de prendre corps. Sofie Muller propose dans son travail, un savant mélange entre une étude réaliste et fine du corps humain grâce à ses dessins et une étude socio-psychologique. Si cette femme présente des courbes généreuses et si sa position assise est soulignée par l’affaissement de ses formes, l’idée de gravité se trouve finalement démentie, de la même façon qu’à cette densité s’oppose la légèreté. Le regardeur a en effet l’impression d’une absence d’ancrage dans le sol, ses pieds ne semblant reposer sur aucun support. Intrigué, il constate alors qu’il en est de même pour les montants de la balançoire qui rendent possible le maintien de l’assise, qui sont comme fichés dans le vide. Le regardeur est alors surpris par le temps qu’a nécessité cette prise de conscience. Cette sculpture apparaît alors comme étant en lévitation.
Au mouvement d’oscillation de la balançoire que le regardeur se figure mentalement, s’ajoute un mouvement d’aspiration vers le ciel. L’idée de suspension, illustrée par l’équilibre précaire de la sculpture, sa position spatiale d’entre-deux agit aussi comme la métaphore de l’éloignement progressif du monde de cette vieille femme. Par un système ingénieux, Sofie Muller, artiste belge étudiant les bouleversements physiques et psychologiques chez l’être humain, nous donne à voir les ravages de la maladie d’Alzheimer dont souffrait sa grand mère. La vieillesse et l’enfance, deux périodes d’entre-deux et de mutations profondes intéressent en effet particulièrement cette artiste. L’aspect chancelant de son équilibre physique met au jour le trouble de son équilibre mental. En effet, le regard errant de cette femme, comme englouti par la matière, souligne l’entrave de sa perception du monde au sein duquel elle évolue et de sa capacité à interagir avec lui.

Année : 2009
Édition : Ed. 1/5
Matériaux : Epoxy et poudre marbre
Hauteur : 170 cm
  • Captive
  • Captive
Claire Morgan

Captive

Provenance : Galerie Karsten Greve. Acquisition en 2009.

Année : 2008
Édition : Pièce unique
Matériaux : Fils de nylon, plomb, chouette, souris blanches, morceaux de sac plastique
Hauteur : variable cm
Largeur : 100 cm
Profondeur : 100 cm
Touching the Earth
Pamela Earnshaw Kelly

Touching the Earth

 

Provenance : R. Duane Reed Gallery NYC. Acquisition en 2005.

Année : 2004
Édition : (pièce unique)
Matériaux : Raku
Hauteur : 40 cm
Largeur : 60 cm
Profondeur : 100 cm
Big Bear Head
Allison Schulnik

Big Bear Head

Provenance : Mark Moore Gallery. Acquisition en 2009.

Année : 2008-2009
Édition : (pièce unique)
Matériaux : Huile sur toile
Hauteur : 152,4 cm
Largeur : 152,4 cm
Baboon
Marnie Weber

Baboon

Provenance : Galerie Praz/Delavallade. Acquisition en 2008.

Année : 2008
Édition : (pièce unique)
Matériaux : Bois, mousse, résine aqueuse, vernis, plastique, peinture, acrylique, corde, roulettes, dents naturelles
Hauteur : 123 cm
Largeur : 90 cm
Profondeur : 50 cm
The animal that therefore I am
Oana Farcas

The animal that therefore I am

Provenance : Larmgalleri. Acquisition en 2010.

Année : 2010
Édition : Pièce unique
Matériaux : Huile sur toile
Hauteur : 54 cm
Largeur : 34 cm
Abdullahi Mohammed with Mainasara, Lagos, Nigeria’ (Gadawan Kura – The Hyena Men)
Pieter Hugo

Abdullahi Mohammed with Mainasara, Lagos, Nigeria’ (Gadawan Kura – The Hyena Men)

Provenance : Galerie Michael Stevenson (Cape Town, Johannesburg and Amsterdam). Acquisition en 2007.

Année : 2007
Édition : Ed. 1/5 +2 AP
Matériaux : c-print
Hauteur : 152,4 cm
Largeur : 152,4 cm
Bear
Rune Olsen

Bear

En 2007, Rune Olsen a réalisé un Solo Show salué par la critique chez Samson Projects à Boston. La Fondation Francès présente une de ses pièces majeures : une tête d’ours réalisée à partir de scotch noir, de journaux, de graphite et de boîtes de glace. « Le contraste entre la figure et les yeux de verre transmet une forte intensité et une véritable urgence » souligne Rune Olsen. Pour une espèce menacée comme l’ours brun (à peine 200 000 dans le monde), ce n’est pas qu’une interprétation artistique, c’est une vérité inquiétante pour lui mais aussi pour l’Homme. Dans de nombreuses civilisations, en Europe et en Amérique du Nord, l’ours brun est, en effet, considéré comme l’ancêtre de l’Homme. Déifié à l’origine, il est aujourd’hui défié, chassé, supprimé avec une vraie sauvagerie. L’Homme ne doit pas beaucoup s’aimer pour respecter si peu ses ancêtres.

 

Provenance : Samson Projects. Acquisition en 2009.

Année : 2007
Édition : (pièce unique)
Matériaux : Graphite, ruban, yeux de verre bleu, papier, acier, fil et acrylique
Hauteur : 58 cm
Largeur : 66 cm
Profondeur : 41 cm
Walking on eggshells
Sandy Skoglund

Walking on eggshells

Provenance : SAS Cornette de Saint Cyr. Acquisition en 2007.

Année : 1997
Édition : Ed. 7/30
Matériaux : Cibachrome print
Hauteur : 121 cm
Largeur : 153 cm
Best friends
Marnie Weber

Best friends

Provenance : Galerie Bernier/Eliades (Bruxelles). Acquisition en 2008.

Année : 2007
Édition : (pièce unique)
Matériaux : Collage sur photographie
Hauteur : 152 cm
Largeur : 122 cm