Sofie Muller
Née en 1974 à Saint-Nicolas, Belgique. Vit et travaille à Gand, Belgique.
Le travail de Sofie Muller est une histoire complexe et intrigante du corps, de l’identité, du sexe et de la mémoire. Chacune de ses sculptures d’enfant ou chacun de ses dessins, figure un état mental résultant de cette dualité du corps et de l’esprit. L’artiste exprime alors des contradictions, explore les possibilités de transformation génétique et s’interroge sur autant de thèmes liés à notre identité ou nos histoires personnelles comme le désir, la déficience et l’exclusion. Des maux qui touchent chacun de nous. En somme, elle poursuit une recherche continue et profonde autour de la condition humaine et de la beauté qui réside dans notre vulnérabilité individuelle. Des matériaux tels que le sang, la fumée et l’albâtre viennent enrichir ses installations, sculptures et oeuvres sur papier, pour soutenir sa tentative de se rapprocher le plus possible de la nature humaine et de l’essence de la vie.
L’artiste est représentée par La Galerie Italienne (Paris) et la galerie Geukens & De Vil (Anvers / Knokke).
Tristan
Malgré ses thèmes douloureux, Sofie Muller nous offre à voir une belle sculpture, maîtrisée, pure, linéaire, et sensuelle, en opposition à leur signification. Une sculpture subversive en somme dans laquelle esthétique et éthique ne sont pas forcément unies. De ses œuvres, l’artiste dévoile une émotion particulière qui nous submerge lorsque nous sommes face à elles. La sculpture combine à la fois la mélancolie, le doute, et une violence humaine exprimée par ce désir de changement d’état alors qu’ils se trouvent dans un espace limité et distancié mettant mal à l’aise le spectateur intrusif. L’artiste élabore un savant mélange entre une étude fine du corps humain et une étude socio-psychologique de notre société actuelle.
Provenance : Geukens & De Vil. Acquisition en 2007.
Elza
Le regard du spectateur se porte d’emblée sur ce corps de femme. Le travail de la matière permet à cette figure de prendre corps. Sofie Muller propose dans son travail, un savant mélange entre une étude réaliste et fine du corps humain grâce à ses dessins et une étude socio-psychologique. Si cette femme présente des courbes généreuses et si sa position assise est soulignée par l’affaissement de ses formes, l’idée de gravité se trouve finalement démentie, de la même façon qu’à cette densité s’oppose la légèreté. Le regardeur a en effet l’impression d’une absence d’ancrage dans le sol, ses pieds ne semblant reposer sur aucun support. Intrigué, il constate alors qu’il en est de même pour les montants de la balançoire qui rendent possible le maintien de l’assise, qui sont comme fichés dans le vide. Le regardeur est alors surpris par le temps qu’a nécessité cette prise de conscience. Cette sculpture apparaît alors comme étant en lévitation.
Au mouvement d’oscillation de la balançoire que le regardeur se figure mentalement, s’ajoute un mouvement d’aspiration vers le ciel. L’idée de suspension, illustrée par l’équilibre précaire de la sculpture, sa position spatiale d’entre-deux agit aussi comme la métaphore de l’éloignement progressif du monde de cette vieille femme. Par un système ingénieux, Sofie Muller, artiste belge étudiant les bouleversements physiques et psychologiques chez l’être humain, nous donne à voir les ravages de la maladie d’Alzheimer dont souffrait sa grand mère. La vieillesse et l’enfance, deux périodes d’entre-deux et de mutations profondes intéressent en effet particulièrement cette artiste. L’aspect chancelant de son équilibre physique met au jour le trouble de son équilibre mental. En effet, le regard errant de cette femme, comme englouti par la matière, souligne l’entrave de sa perception du monde au sein duquel elle évolue et de sa capacité à interagir avec lui.